dimanche 10 octobre 2010

Dimanche 10 Octobre 2010 / Point de passage Eurodollar


Salut a tous, Pif est persuadé qu’un homme averti en vaut 2,5 ou 3. Voici donc une micro synthèse sur la « guerre des monnaies » qui va probablement mobiliser l’attention des médias dans les semaines à venir, et qui vous aidera à décider s’il faut rester long sur euro-dollar, ou … pas !

a) retour sur la semaine passée : 5 bonnes raisons à la hausse récente de l’euro

Nouveau credo du dollar faible enrichi en ajustement quantitatif inflationniste (planche a billet – rachat d’obligations d’état). En Europe c’est plutôt la normalisation de sortie de crise qui est à l’ordre du jour (avec hausse des taux d’intérêts dès mi-2011)

Sentiment que le risque systémique est encadré en Europe. Même si la crise de dette souveraine est encore présente (cf cas Irlandais très récemment), le risque d’implosion de l’UE semble avoir disparu : pas de contagion Grèce – Espagne / manifestation d’une coordination politique en Europe réelle lorsqu’il y a le feu, passée la première étape de dissensions / formalisation par la mise en place du méga fond d’aide doté à hauteur de 750 Md€ avant l’été / efforts de communication (stress tests) et efforts de coordination budgétaire des pays de la zone

Course à la devise la plus faible : pour continuer de développer l’export. Chine, US et Japon se lancent sur cette voie (manipulation des cours à la baisse) Les Brics risquent d’embrayer (Brésil notamment). L’UE ne joue pas encore ce jeu.

Diversification des réserves de change : pas cool d’avoir plein de dollars en coffre fort de banque centrale avec la nouvelle politique inflationniste de la FED ! c’est probablement ce que doivent se dire les Chinois (2,5 Md de dollar en réserve à juin 2010). L’euro est une bonne monnaie de diversification (et plus visible à l’international que le Franc Suisse)

la malédiction de l’UE : l’euro est une monnaie sans souveraineté, réunir un consensus sur une politique de change et d’intervention face à la dévaluation organisée des autres pays/zone va une nouvelle fois prendre beaucoup de temps à mettre en place (car gestion politique, pas purement économique du problème).

2 commentaires:

  1. b) prochaine étape ?

    Pour de nombreux économistes, la parité d’achat US-UE est à 1,15 – 1,20 (euro pour 1 dollar) . Donc un taux de change très différent est supposé « manipulé ». Par ailleurs, avec un eurodollar à 1,50, 100% de la production d’airbus est délocalisable pour continuer à le vendre dans le monde. Du coté de la sensibilité de l’Euro, on estime qu’une hausse de +10% (de la parité avec le dollar) correspond à une réduction de -11% de l’export français sur 3 ans …

    Conclusion : activation dans les semaines à venir de la dimension politique du problème de change au sein de l’UE et dans cette configuration, la guerre des changes est plus que probable…

    c) clivages :

    Face au péril des monnaies, il est bon de comprendre le rapport de forces entre « pro » et « cons » dollar fort/faible – euro fort/faible … / au moins 4 clivages discernables :

    Clivage France – Allemagne (avec la France contre la revaluation de l’Euro, à l’inverse l’Allemagne s’en inquiète moins car elle y retrouve un attribut du Mark / structure export moins pénalisante pour l’Allemagne (machines outils) que la France (Airbus, centrales nucléaires concurrencées low cost asiatique/indien et produits de consommation substituables)

    Clivage interne US : démocrates / républicain, sous échéance électorale court-termiste / nouveau round d’ajustement quantitatif (Obama boys) contre austérité budgétaire et remboursement de la dette sur bon exemple Européen (prônée par Ben Bernanke ou le représentant minoritaire de la Fed au Nebraska)

    Clivage de pôles, USA Europe / Chine : pour les européens et Américains, la Chine sous évalue sa monnaie / pour les Chinois, le change n’est pas une solution à la crise que les américains ont bien cherché en développant et exportant les sub-prime, et en vivant de manière récurrente au-dessus de leurs moyens.

    Clivage de culture USA/UE : la nature Américaine est peu patiente, il faut agir tout de suite (ajustement quantitatif), la nature européenne est attentiste (poids de l’Histoire, on regarde les effets à moyen terme d’une mesure avant de s’exciter)

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  2. d) conclusion ?

    Hausse de l’euro pas aussi illimitée que celle de l’or. 1,40 est un seuil qui prend en compte les points exposés dans ce post (concept de smart money). Avant de se re-lancer haussier sur euro/dollar il faut bien suivre les prochaines passe d’arme UE/Chine/ USA … Pour faire simple, mobilisation réussie de l’UE = retour à 1,30 / incapacité décisionnelle européenne = boost à 1,55 euro pour 1 dollar, les réactions/déclarations Américaines et Chinoises à venir amènent de l’incertitude perturbatrice … wait & see

    Cordialement - Piflechien

    PS : l’article vous a plu ? ben faite le savoir en laissant un message ou en devenant membre …

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